A Ryda ce 19 Avril 1791.
Ankt den 14 Septemb: besvarat den 28 September.
Mon Cher Fils, J'ai eu depuis peu le plaisir de Vous écrire,
le 25 passé par l'Ordinaire en Vous envoiant une Lettre de Change
qui Vous viendra, je l'espere, à huit jours de la date: le 31
du même Mois, avec Mr de Coyet, pour Vous annoncer et recommander
cet Ami, ensemble un autre, qui nous touche d'aussi près, savoir
Msr Charles de Rosenstein [småningom ärkebiskop].
Ce dernier, passant maintenant par Nôtre Contrée pour se
rendre par terre à Gotenbourg, où tous les Officiers,
commandés et volontaires, au nombre de 26 à 29 ont à
s'embarquer sur la Fregatte Bellone; Je saisis cette occasion de Vous
donner directement de nos bonnes nouvelles et de Vous reïterer
ma priere, ainsi que celle que Msr le Colonel de Rosenstein Vous fait
par mon canal, pour que Vous vouliez bien rendre à Son dit Frere,
lorsqu'il vient visiter le Cheflieu de la Chrétienté,
tous les bons offices qui dependront de Vous. Ils se reduisent à
2 points: l'un, de lui enseigner l'Economie qu'il faudra observer à
Rome, pour pouvoir avec peu de frais y vivre et tirer parti du peu de
tems qu'il aura à y passer, avoir 3 à 4 semaines au plus,
pendant que la Fregatte charge à Livourne: L'autre, de le guider
non seulement dans le choix des choses à voir, mais aussi dans
la maniere de les voir. Je suis assûré de Vos dispositions
à faire ce plaisir au dit Ami, ainsi qu'à Mr de Coyet,
quand même personne ne Vous en priât. L'Etroite liaison
entre ces deux Maisons de Ryda et de Hessle est encore la même
que jadis, et trop bien fondée pour se démentir.
Mais j'ai à Vous recommander, par rapport aux deux points sus
dits, un autre jeune homme de Condition, qui depuis quelque tems nous
interesse presqu'autant, quoique nous ne l'aïons jamais vû.
D'Abord je vous dirai, d'où vient cet interêt. Vous aurez
sans doute vû à la Cour cette Aimable Comtesse Ulla
Fersen, qui passe avec raison pour une des personnes les plus accomplies
de son Sexe. Du moins avez Vous admiré sa Statue dans le Salon
à Colonnes dans le Château. Elle fut mariée extremement
jeune, et pas trop heureusement à un jeune Baron Höpken,
qui promettoit beaucoup, mais qui vivoit trop vite. Cette Dame, quoiqu'attachée
à la Cour par son Office de Dame de Palais, n'en ai pas pris
les sentimens Egoïstes. Née Protectrice de tous les gens
de bien qu'elle connoît, elle fait encore ce mêtier, où
elle réussit selon le tems. Vos deux Freres ont eu le bonheur
de faire connoissance de cette Dame, et la semaine passée elle
eut la bonté de venir passer chez nous un couple de jours, pour
affaire. La Comtesse, ayant tout son heritage m 400 dl Kmt
en argent de Banque, et craignant les Banquerottes des Emprunteurs,
ou aïant de la peine à en trouver de sûrs, cherche
depuis du tems à placer une bonne partie de ses fonds dans une
terre. Dans ce dessein elle fit, l'année passée au Mois
de Mars, avec Made Ancarsuerd, un Voiage en Nericie, durant
le quel Vôtre Cadet servit d'Ecuyer ou de Conducteur au deux Dames.
Ce Voyage fut envain, à cause que la Terre fut reclamée
par le Droit de Retrait lignager. En cherchant une autre nous avons
découvert, que Msr Bergstedt, designé Secretaire d'Ambassade
à Paris, pouvoit se determiner à vendre Hamra, plûtôt
que de la laisser deperir en son absence. J'ai negocié et evalué
le Cheflieu et les Fermes, j'ai trouvé le prix, qu'il en exige,
savoir m 40 Plates en Banque et 500 rdl. en Papiers d'Etat, pour
les fonds, les semailles, utensiles, materiaux, gros et menu bêtail,
chevaux &c: assez raisonable, pour conseiller en conscience ce Marché,
pourvû que le Local plût à la Comtesse, ce qu'il
faloit qu'Elle vint voir Elle même. Elle est venuë, et l'endroit
lui a plu. Je crois aujourd'hui en Ville on passe les Contrats en Forme,
et nous regardons l'affaire comme concluë. Nous aurons une charmante
Voisine et le Canton un Ornement.
Elle a une Fille de 15 a 16 ans, nouvellement presentée au Roy,
et qui a fait maintenant l'objet de la curiosité et des eloges
de la Ville. Elle a un Fils de 14 ans, elevé depuis 9 a 10 ans
dans une Pension en France, où il est Officier dans un Regt.
Revenu en Suede par Ordre exprès de la Cour, il n'a pas la liberté
de retourner a son Emploi. En aïant demandé un ici, il n'a
obtenu que celui d'Enseigne Surnumeraire dans les Gardes à pied.
La Comtesse, craignant trop pour lui les suites de l'inaction &c:
a obtenu pour lui d'être du voiage d'Italie, pour voir Rome, et
surtout pour être en chemin reduit à une societé
brave et éclairée. Quelque bien qu'il puisse être
muni et de Bourse et de Lettres de Recommandation pour la dite Ville,
la Comtesse Vous prie pourtant instamment de lui donner de bons Avis
par rapport à l'un et à l'autre des deux points surmentionnés.
Nous souhaitons fortement, que Vous puissez rendre ce bon service à
la Comtesse. Vous obligeriez extremement une tendre Mere, une Dame pleine
des sentimens, et qui ne manquera pas de Vous rendre de bons Offices
de son côté. Elle les a bien employés déja
pour Vôtre Cadet.
Il viendra encore d'autres Pelerins ou Visiteurs à Rome. De
ce nombre est le Baron Oton Vrede [Otto Wrede],
Aide Camp du Roi et Colonel dans l'Armée, déja fameux
par la confiance dont S.M. l'a honoré dans les Negociations avec
le Dannemarc en 1788, et dans les Operations de Guerre en Finlande,
à ce qu'on dit; il a refusé une Capitaine Lieutenance
dans les Gardes du Corps et le Regt d'Uplande, que son Frere
ainé vient de quitter pour celui de Nylande; et il va pour 5
ans de tems voir des Pays, étudier et servir même dans
l'Etranger, en Toscane, à ce que j'ai entendu. — Un Baron Bunge,
Capite dans le Royal Helsingue, et avancé Major et
Chevalier à l'occasion d'une nouvelle, qu'il apporta en Courier,
de l'attaque ou de la tentative sur Rodervique [sic]
ou sur Reval, je ne m'en souviens pas au juste. S'il ressemble à
Msrs Son Oncle et Son Pere, que j'eus l'honeur de connoître jadis,
il doit avoir bien du merite.
Enfin Msr de Steyern sera aussi du Voiage à Livourne. S'il ira
delà à Rome, c'est ce que j'ignore. Mais dans ce cas,
il est sûrement du nombre de ceux qui content profiter de Vos
lumieres et qui y ont droit en qualité de Nos Amis.
Vôtre Frere Charles est attendu ici pour aprèsdemain,
Jeudi Saint [Skärtorsdag]. Mais Vôtre
Beau Frere et Soeur ne pourront pe pas venir pour lors, à
cause de l'incertitude du depart de Mad Hohenhusen. Nos Parens d'Eka
et de Molhamar sont invités ici pour Pâques.
Nos Voisins, surtout le Baron Cederhielm et les deux Presbyteres Vous
font m Compls. Vôtre Mere Vous en fait des plus
tendres. On se porte bien chez nous, quoiqu'on soit malade et meure
en nombre dans la Contrée. Sur ce je prie Dieu qu'il Vous ait,
Mon Cher Fils, en Sa Sainte Garde.
GW Sillén.
Vôtre Mere, voulant Vous envoier quelque Souvenir, chargea Mr
de Coyet d'une boëte d'or avec la Silhouette de Feu Vôtre
Frere Laurent, pour Vous être apporté par lui ou par Msr
de Rosenstein.
Vôtre Cadet Vous prie fort de la part de Msr Silverstolpe, Commissaire
de Banque, et Pere de quatre braves Fils qui ressemblent aux Miens,
de ramasser à Rome et de lui envoier par le Revd Pere
Msr de Rosenstein sur la Fregatte, des Portraits en taille douce, qui
pourront être trouvés à Rome, de la Reine Christine,
du Roi Sigismond ou de Sa Femme, ainsi que d'autres Personnages de Nôtre
Nation. J'ai eu là dessus un Memoire, mais je Vous l'envoierai
par terre, afin qu'il Vous vienne plûtôt.
Mr Mannerskanz, Vôtre Nouveau Chef du Corps du Genie, est arrivé
de Finlande, J'ai déja prevenu Vôtre Cadet qu'il faut l'aller
voir pour le mettre au fait de Vôtre Ancienneté au Service.
Mais peutêtre faut il revenir à la charge.
Till diarium
för Georg Wilhelm af Silléns brev.