A Ryda ce 12 Avril 1790.
Ankt. den 12 Maj, besvt. den 15 dito.
Mon Cher Fils; Envain tacherois d'exprimer dans une lettre toute la
joie, que Nous causa Vôtre Lettre du 24 Fevrier, arrivée
le 26 Mars. Ce jour là nous fut bien fortuné, en m'en
apportant de mes Trois à la fois et de Mon Frere, toutes avec
de bonnes nouvelles, du moins à l'égard de leur santé.
J'en ai eu depuis de Vos Freres et de Vôtre Oncle, et je pense
que Vous en aurez part moiennant les incluses, de sorte que je pourrai
cette fois me borner à Vous entretenir de Vos affaires seulement.
C'est très bien pensé de Vôtre part, que d'ecrire
en droiture, comme Vous l'aurez déja fait, à Vôtre
General. Je crois Vous avoir fait part de sa réponse à
ma lettre de Remerciement. Je garde devers moi tout un Paquet d'Acquits,
de Resolutions, qui Vous apartiennent, mais trop fortes en papier pour
Vous être envoyés si loin. Entr'autres il m'en est venuë
une le 23 Fevrier passé, datée le 22 Avril 1788, portante
prolongation de Vôtre Congé pour 2 ans encore, avec un
avis du Secr. Bagge de donner, s'il me plût, un Placet pour en
avoir encore une de deux ans. En répondant à la satisfaction
de ce digne Ami, d'autant que, voyageant aux frais du Roy, Vous êtes
censé d'avoir pour celà non seulement le Congé,
mais aussi les Ordres de Sa Mté. Si toute fois le Bureau
General du Genie veut, sans aucune retribution pour lui, procurer encore
une fois 10 plates en Epices au Departement de la Guerre, il presentera
bien un Memoire pour celà au Nom du General, sans que je me donne
la peine de le demander. Je sais, comme on aime à satisfaire
Msrs du dit Departement, ainsi je serai sans doute mis à contribution
encor 1e fois.
Voici, Mon Cher Fils, le residu de Vôtre Pension de l'année
passée, que je Vous envoie ci clos, par une lre de
Change, portant à Vos Ordres 100 Rdl. Court de Holl.,
dont la Valeur intrinseque est 94 a 95 Rdl. de Suede en Banque ou en
Especes, et qui me coûtent pourtant plus de 117 Rdl. en Credit,
c.a. d. en Billets des Etats, seul monoie roulante chez nous presentemt.
Je n'ai pas manqué, par mon Correspondant, Mr Diurman au Bureau
de Postes, homme honête et très actif, de chercher chez
les Banquiers et des Courtiers d'avoir une lettre de Change, tirée
sur Rome en droiture; Mais personne n'a pu en donner. Sur Paris il y
auroit eu plus encor à perdre, puisqu'une
[livre?] Tournois [mynt
präglat i Tours], qui vaut 8 de nos Chelings, en coûte
actuellement 9½, par le Change. Je guettois depuis longtems la
traité des Subsides, qui devoient nous venir de Turquie, esperant
qu'il devoit s'en faire ressentir quelque effet sur le Change, helas!
trop desavantageux pour nous depuis cette guerre, qui, en faisant cesser
la Navigation Nationale, a encour[a]gé
celles des Etrangers en leur accordant la Franchise en Douane, auparavant
reservée aux Navires Suedois. Demarche necessaire, pour ne nous
faire pas manquer entierement de bien d'articles necessaires, rencheris
de 50 prCent. Mais le Change, de plus en plus desavantageux de puis
le Mois de Juin 1789, semble indiquer, ce qu'on dit aussi à l'oreille,
que les dits Subsides ont été emploiés ailleurs
pour le Service du Roi. Et après avoir attendu l'entrée
de mes revenus pour Mes Grains vendus jusqu'au Mois de Mars, il m'a
falu me procurer, à 6 pour Cent pour le moins, des Billets de
Banque, dont 100 rdl. 20 ß ne nous ont produit que Vos 100 rdl.
Holl.
J'ai fait demander à Mr Gladhem, Caissier de la Fabrique du
Château, quand pourra echoir Vôtre Pension pour cette année.
il m'a répondu, que nous pourrons en avoir des nouvelles au Mois
de Juin prochain. Faites moi donc savoir, auusitôt que Vous pourrez,
combien d'Ecus Romains Vous produiront sur le lieu 20
Sterl., qui presentement m'auroient coûté à Stockholm
104 rdl. 8 ß. Je n'ai pas osé risquer ce coup, crainte
de Vous faire perdre d'avantage. C'est pourquoi je voudrois avoir ce
point eclairci avant la Remise prochaine.
Ce Mr Gladhem m'a fait sommer, plus d'une fois, de produire un Plein
pouvoir de Vôtre part, pour recevoir Ve Pension: j'ai
toujours répondu, qu'on ne m'en a pas demandé cidevant,
qu'en qualité de Pere je suis Agent né pour mes Enfans.
Cependant pour le satisfaire, Vous ferez bien de m'envoier un Pouvoir,
conçu en ces Termes: Fullmagt för
min Käre Fader, Tit. N.N. eller Ordres, att å mina vägnar,
lika som hittills uttaga, quittera ock til mig remittera den, af Hans
Kongl. Majt i Nåder til mig bestådda Resepension,
stor Trehundrade Rdl. Specie, för detta innevarande år, så
väl som för det nästledne Året 1789, så ock
framgent, därest Vår Allernådigste Konung skulle täckas
Resepensionen för mig att förlänga. Rom den Maj 1790.
G.S. Cet écrit ne demande, selon moi, qu'un demiquart
de feuille, afin de ne pas trop faire perdre des choses plus interessantes,
que Vous mandez à la Patrie.
En recevant Vôtre Pension de l'année passée, Mon
Agent fut aussi averti par Mr Gladhem, de lui en faire avoir un Acquit
de Vôtre Main, à la place du mien. Le le lui fis promettre,
mais pas sitôt, vû la distance des lieux. Je Vous avois
déja écrit au commencement de Novbre, et en Vous écrivant
le 22 Janvier j'aurai sans doute oublié cet Acquit. Il sera bon,
que Vous me l'envoyez la premiere fois que Vous me ferez le plaisir
de m'écrire, conçû en ces termes, sur un morceau
de Papier fin: Den Rese Pension af 300 Riksdal.
Specie, som af Hans Majt Vår Aller Nådigste Konung
i Nåder blifvit mig bestådd för nästledna år
1789, ock, af Högloffl. Kongl. Slotts-Bygnads Directionen, til
min Käre Fader, Tit. N.N., i förledne December Månad
blifvit utbetald i Riksgälds Sedlar, har jag tilfullo nutit ock
tilökt utbekommit, i så måtto, att igenom Anticipation
ock emot Valuta in Banco, til mig blifvit utremitterade, i Junio förledit
år 106 rdl 4 sk., in Octobri 100 rdl., ock nu senast i Nästvekne
April åter 100 rdal. Alltsammans Holl. Court: Hvarföre
jag skolat för berörde Tre hundrade Riksdal., til Kongl. Slotts
Cassans ytterligare trygghet, härmed ödmjukel. qvittera. Rom
d. Maj 1790.
Mr Lavin, très maladif et tourmenté de la Gravelle [njursten],
mais toujours ami Zélé de Nôtre Maison, m'a fait
savoir, par mon Agent, que le Baron d'Adelcranz avoit presenté
Memoire ou Requete, pour obtenir à Son Neveu Mr Sundvall 100
Rdl. encore, comme un Supplement, pour egaler la Somme de 1000 rdl.
qui Vous a été accordée en 4 ans en tout, tandis
que Mr Sundvall, pensionné en 3 ans seulement, n'avoit obtenu
en tout que 900 rdl. Surquoi Nôtre Ami me conseille de demander
encore pour Vous 100 rdl. sur un pareil principe d'égalité.
Je lui ai fait repondre, que les comparaisons étant generalemt
odieuses, je ne suis pas d'humeur à me prevaloir du dit principe,
sur tout ayant dessein de demander plûtôt la Pension entiere
continuée pour deux ans encore en faveur de mon fils, si je vois
du jour à l'obtenir. Vraiment et entre nous, je ne voudrais pas
me donner la peine d'une telle poursuite pour 100 rdl.
Depuis que Vous avez eu là 2 Compatriotes du poids de Mrs les
Barons de Reuterholm et de Silfverhielm, Vous aurez assez appris au
sujet de Nôtre defunte Chose Publique, pour que je me dispense
de Vous en rien dire, quant au passé. Et pour ce qui regarde
le present, nous ne sommes pas plus en droit d'en rien savoir ou dire,
que ne le sont Nos Ennemis les Russes à l'egard de leur Pays.
Pour ne pas être trop malheureux, il faudra quitter les anciens
prejugez [sic] au sujet de ce que Nos Peres
appellerent liberté, qui vouloit dire participation à
la Legislation, et nous bien imbiber de la notion, que les Courtisans
ont taché d'attacher à ce mot depuis 1772, ou plûtôt,
et selon moi, nous figurer, que le bonheur est independant de la liberté,
et qu'on en peut jouir dans les fers [bojor]
même, si on a le bonheur de vivre sous un bon Maître. Ce
bonheur est precaire, il est vrai; Mais aton raison de pretendre, qu'il
soit plus assûré dans le Moral, qu'il ne l'est dans le
Monde Physique. Nôtre santé, nos membres, nos biens, nos
vies étant dependantes de mille accidens de la Nature, dont aucune
Constitution Morale ne peut nous garantir, l'extreme dependence de la
volonté d'autrui n'est qu'une petite augmentation de Nos Maux
Physiques. En effet nos chevaux et tout autre Bêtail à
quatre pieds, sujet à nôtre pouvoir arbitraire et à
nos duretés, seroient ils plus heureux, si nous les missions
tout à coup en liberté? Ils retourneroient sûrement
à leurs licoux [grimmor] et entraves
[tjuder], ce que fit un de nos
boeux N° 16, comme Vous Vous
rappellez. Si celà n'étoit pas, le Genre Humain ne seroit
composé que de Malheureux, vû le petit nombre des Nations
qui jouissent, et encore très imparfaitement, de la liberté
Politique.
La vraie Sagesse est l'art d'être heureux en toute
situation. Si nous ne pouvons pas l'être sous les Loix de la Republique,
soions le sous celles d'Auguste. Sans desapprouver le zéle, qu'on
connût à Vos Freres, pour l'ancienne Constitution, lors
de la memorable Diête de 1789, je leur ai conseillé de
ne pas balancer à signer et jurer l'Acte de Sûreté,
quand ils en seront requis, attendu qu'aucun individu n'est en droit
de s'opposer à une Loi publiée par le Souverain, comme
agrée par les Representans de la Nation et confirmé par
le Seing des 4 Orateurs des Etats Generaux. J'espere que, le cas l'exigeant,
Vos Freres suivront cet avis.
Le jeune Comte Bunge, Leut. au Regt de Gardes
Cuirassiers vient de donner un illustre exemple de l'inutilité
d'un refus en pareil cas. Revenu d'Hollande avec une femme et m
100 plates de dot, et caressé à la Cour, il demanda un
emploi dans le Ministère pour n'être pas desoeuvré,
Le Roi lui fit expedier un Brevet de Conseiller de Chancelerie et lui
fit proposer par Mr de Schroederheim de jurer l'Acte de Sûreté.
Il témoigna n'être pas disposé à accepter
cette Loi, recusée par la Noblesse en Corps; donnant sa Demission,
pour ne pas être forcé de le faire. Le Ministre revint
lui dire de la part du Roi, qu'on ne badine pas avec les Souverains,
que Sa Mté vouloit aviser sur sa demission, mais qu'ayant
obtenu un avancement, il devoit premierement prêter à tel
jour le Serment requis, ou bien être emprisonné et accusé
du Crime de léze Majesté. Mr de Bunge là dessus
obeït, mais sans retracter sa Demission. Tout celà n'étoit
qu'une Comedie. Le jeune Comte s'y prêta, et dina tous les jours
là à Haga. Si cette circonstance se verifie, nous allons
voir, si le Roi voudra bien gratifier Vôtre Frere de la Lieutenance
vacante par là, depuis que Mr de Bromsen, son ainé, a
obtenu celle du Baron Oernskoeld, par concordat et moyennant la Cession
d'une portion d'une terre, possedé par eux en commun. L'avancement
de Vôtre Cadet, au grade de Capitaine et Aidecamp du Roi pour
la Flotte Côtiere, peut nous servir d'un bon augure, d'autant
plus que Sa Mté étoit prevenue, qu'il ait été
Operateur à la derniere Diête [fullmäktig
för adl. ätten Standertsköld].
C'est la valeur et la fidelité de Vôtre
Cadet, son experience en Navigation et assûrance contre vents
et flots, qui lui procurerent l'honeur de transporter le Roi par mer
en Finlande. Partie de Sthlm le 28 Mars, S.M. aborda à Abo le
30, aussi tôt que les Courtisans, partis bien de jours plutôt
en poste. Le Roi partit le 31 pour Borgo, et Nôtre nouveau Capitaine
reprit le 1 Avril en poste le chemin de Sthlm, où il arriva,
à travers glaces, frimats, ornieres, le soir du 3 Avril. Les
Ministres, en le voiant de retour sitôt avec des depêches
et de bonnes nouvelles du Roi, alloient le prendre pour un phantome.
Il doit retourner au quartier General, après s'être equipé,
c'est à dire, galonné en Chenille, chose très couteuse,
et garni sa portefeuille d'un nombre de Memoires et Etats au sujet de
son Departement, en quoi son Protecteur et guide, Mr d'Ancarsuerd, lui
fournira bien de lumieres. Que le Bon Dieu le guide! il n'a pas eu le
tems, et peutêtre ne l'aura pas, de Nous venir voir.
Ve Mere se porte passablemt bien,
Vous faisant mille Compl. Autant font Nos Voisins, Amis, Particulieremt
Mr Ekenb[erg? lucka] ... Dieu Vous conserve!!!
G.W.Sillén.
Ve Mere veut que je
Vous construise en cet été un tombeau au Coin N.E. de
Nôtre Cimetiere, n'ayant point d'autre bâtise à faire,
après qu'un hiver sans neige nous a denués de bois de
Construction. Des Persones distingues, Hr [?]
Krey, Serenius, &c s'étant bati des tombeaux de granité,
fendu par Mineur, Murs et Voute, surmontée de terre en comble,
et couronnée d'un petit obelisque avec inscription, nous contons
les inviter, en donnant seulemt plus de capacité au
Caveau, savoir 2 ½ ans [?]
toises
de largeur, 2 ½ de longueur, 1 1/3 de hauteur;
dedans l'oeuvre, l'entrée en forme de sappe [??].
J'ai entierement oublié, quel est ce Memoire, dont
je Vous ai fait part dans ma precedante lettre. Je ne doute pas que
du Moins le Baron de R. connoissant les sentimens de Vos Freres, n'ait
parlé cordialement avec Vous les Affaires du tems. N'at il point
de vent du Grand Objet de la Mission du General Wrangle? Prodige de
Secret.
Nôtre Voisin Mr Segrell vient d'être gratifié
d'un titre d'Intendant d'Economie. Je fus le feliciter hier, mais il
n'étoit pas chez lui. Le Brevet doit lui coûter 1400 dl.
Kmt, et sa Contribution accroitra peutêtre de 5 a 600
dl.
Följande sannolikt av GW:s svåger
Eric Gustaf Oxenstierna (1725-1796) på Eka:
P.S. Att du mår väl fägnar
mig mycket. Att du ock ihug kommer dina vänner hemma, får
jag ej sällan se af dina bref till Papa. Enär du en gång
kommer hem, får den som lefver, se mycket rara samlingar, är
jag säker om, fast jag förmodl. med min ögon ej hinner
dit. Något tör du väl ock bidraga till Horticulturn
vid Ryda, medels rare frön ock kärnors samlande, samt blomsterfrön
åt Terrasen. Eka nya Slott in fieri torde ock då
få en mera campagnard ock oeconomisk [obs! oe=ö]
form, än det jag sedt på papper, eljes blir hela Seigneuriet
upätit af Stenhuset. Har du någon kunskap om Cagliostros
öden, som nu läser Anathema på S. Angelo? adieu må
väl. EGO.
Till diarium
för Georg Wilhelm af Silléns brev.