|
A Ryda ce 2 Janvier 1788.
Ankommit den 6 Februari, besvarat den 13 Febr.
Mon Très Cher Fils. Ce Nouvel An, que je prie le Bon Dieu de
vouloir bien Vous accorder joyeuse, salutaire et aussi heureux, que
faire se peut dans ce bas Monde, sera écoulé pour un 12me
avant que Vous recevrez cette presente. Elle est la premiere que je
me mette à écrire en cette année 1788, et je ne
saurais occuper plus agréablement cette heure de relache, que
je derobe à la Compagnie.
Je commence par Vous remercier de Vos trois lettres, de Ratisbonne
du 6 Oct; de Verone du 1 Nov, de Venise du 19 do, arrivées
le 6 Nov., le 30 do et le 18 Decbre. Envain voudrois je Vous
expliquer dans une lettre, combien nous avons tous été
pénétrés de joie en recevant si souvent de Vos
bonnes nouvelles; que Vous continuez à Vous bien porter: qu'aiant
quitté Vôtre Genereux Cousin, et abandonné à
Vous seul, la fermeté, si necessaire à un voyageur, ne
Vous a pas quitté: que non seulement Vous Vous occupez de tout
ce qui merite Vôtre attention, mais que Vous continuez aussi à
le mettre par écrit et à m'en faire part: preuve de Vôtre
infatigable application. A la Copie de Vos precedantes lettres je viens
d'ajouter celle de Vos dernieres, que Charlot, Vôtre Puisné,
ne fait que de recevoir, pour en tirer une autre, à communiquer
à Nos Amis de Stocolm, quand Vôtre Cadet y retournera à
la fin de ce Mois. Entr'autres le Baron de Lagrebielke, qui a lû
avec bien du plaisir les precedantes, s'est reservé que Nous
lui fassions part de la Suite. Je ne perdrai pas de vûe S.E. le
Comte Bielké; mais je ne veux l'entretenir sur Vôtre sujet,
qu'après que j'aurai eu quelque chose de Rome à lui communiquer,
afin de ne pas faire paroître à ses yeux la longueur de
Vôtre trajet à y arriver.
Avant d'entrer en d'autre Matiere, il faut Vous dire, que je me porte,
graces au Ciel! aussi bien qu'on puisse le faire à 63 ans accomplis.
J'ai la vûe bonne, je marchai au Mois de Novembre à pied
à Ârby [7-8 km], et m'en retournai
une fois sur le champ, sans m'y arrêter que pour dire un mot aux
Couvreurs. Je suis peutêtre encore le moins fielleux de toute
la famille. Vôtre Mere se porte passablement bien, excepté
que sa vûë va en s'afoiblessement. Elle a été
cet hiver plus d'une fois à l'Eglise, à Bærby, à
Ârby, et aux Presbyteres de Torstuna et de Nysætra, quelquefois
en traineau de charge, la plupart en Carosse sur traineaux. Son apartement
est bien plus chaud, qu'il n'étoit, après la reparation
exterieure que j'y fis l'été passé, de sorte que
jusqu'à present on n'a eu besoin d'y faire feu qu'une fois par
jour. Bien de gens trouvent que ma femme est trop long tems à
regretter cet Enfant cheri, Nôtre feu Laurent Jules; mais c'est
une jouissance que de s'occuper de ce que l'on aime, qu'il soit absent
ou present, en Italie ou dans un autre Monde, ou dans une autre partie
de celui ci. Cette double perte qu'essuia Nôtre Maison, ne fut
pas mal reparée avant la fin de l'année, par l'acquisition
d'un Gendre, en la personne de Msr Samuel de Troil, Capitaine au Regt
des Gardes Cuirassées, Frere de L'Archevêque
[Uno von Troil]. Si j'eusse eu à
Vous choisir un Beau Frere dans tout ce pays, je lui aurois certainement
donné la preference. Il est joli homme, comme Vous savez, il
a bien étudié, bien voyagé, il est sage et bien
rangé, heritier de Bioernarbo, il a encore acheté Vallhoff,
tout près de là et dans le voisinage d'Acrelenna et d'Upsale:
il compte y bâtir cet été un nouveau Corps de logis.
La Nôce se fera au bout du printems. Nos jeunes Epoux resteront
avec nous une année au moins, pendant que le Mari acheve sa bâtise.
Vôtre Soeur est si peu pressée de sortir de chez Nous,
que ce ne fut qu'à cette condition qu'elle donna sa main. C'est
une grande satisfaction pour nous, que toute la Parentée de Mr
de Troil, très nombreuse comme Vous savez, applaudit à
son choix et s'est empressée de le temoigner, par des Visites,
des Messages et par des Lettres. Mr L'Archevêque lui même
a eu la bonté d'écrire à Vôtre Soeur une
lettre très obligeante à ce sujet. C'est depuis quelques
années qu'elle a inspirée ces sentimens au Pretendu, mais
il les a cachés pendant qu'elle grandissoit et qu'il s'arrangeoit.
La crainte d'être prevenu par quelqu'autre l'a fait expliquer
il y a quelques semaines.
Parmi nos Buveurs d'eau de L'été passé, Vôtre
Soeur est celle qui s'entrouve le mieux du côté de la santé.
Elle a eu les jarrets assez affermis pour danser, quoiqu'avec ménagement.
Il y eut lieu de s'essayer hier chez le Prieur de Torstuna, où
il y eut bal après un diner, dont étoient quatorze personnes
de nôtre Maison seulement. Ici nous étions, aujourd'hui
22 têtes à table, après quoi une partie de la Compagnie
s'est separée. Nous serons bien renforcés après
demain, Vendredi, qu'on donnera ici un bal, auquel on attend Made
de Hierta et les autres Msrs de Troïl, venans d'Ekholmen, et même
d'Ekholmsund Mr Seton, nouveau Voisin, avec un fils et un autre jeune
Anglois, son Parent.
Puis qu'il m'est arrivé de faire mention de quelques uns de
Nos Voisins, j'ajouterai, que le Baron Stierneld va faire un voyage
dans l'étranger. Il part d'abord par la Finlande à Petersbourg,
de là à Moscou, ensuite à Varsovie, Dresde et Berlin,
pour s'en retourner en été. Il a vendu sa part aux Forges
de Suartâ [Svartå], il tient
tous les biens dans la Portefeuille.
Mr de Fredenheim, avec Mr Souther, s'est mis en chemin, il y a quelques
semaines, pour faire le voyage d'Italie. L'un est Connoisseur, comme
Vous savez, et l'autre a déja voyagé une fois. Je ne sai
pas s'ils font diligence, ni quand. Vous pourrez les voir à Rome.
Quant à la prolongation de Vôtre Congé, je ne trouve
pas qu'il soit necessaire de la solliciter formellement par un Memoire.
Les gens que le Roi emploie au dehors ne sont pas tenus d'user du papier
timbré. Il Vous suffira d'écrire, sous mon Envelope, une
lettre à Vôtre General, en Suedois ou en François,
comme Vous trouverez à propos, pour le prier de rapporter au
Roi, qu'ayant passé du tems à Berlin, plus encore à
Dresde, et dans quelques bonnes Ville d'Italie, où il y a à
apprendre en fait des Beaux Arts; aiant d'arriver à Rome, Vous
ne pouvez pas qu'outrepasser le terme de Vôtre Congé, esperant
très humblement, que Sa Mté voudra bien le permettre,
sur le bon témoignage que Vous ne doutez nullement que le General
ne donne de Vôtre application &c. Je ne saurois dire, s'il
n'est pas trop tôt de parler encore de la prolongation de la Pension,
objet, pour le quel il faudra nous adresser à S.E. le Comte Bielke,
dans son tems, mais dont les voyes pourront être preparées
d'avance auprès du Roi par le General.
Je suis bien aise que Ve Cousin Vous ait donné une
Creance de 100 rdl. en cas de besoin, afin que Vous ne restiez pas court
en attendant, que les Remises Vous viennent de la Patrie. Celà
me dispensera de Vous en faire avant le Mois de Mars, que je toucherai
mon argent de Garpenberg. Alors je compte Vous faire tenir une lettre
de Change de 112 rdl., et une autre au Baron d'Oxenstierna de 88 rdl.;
pour les avances, qu'il Vous a faites, outre les 20 rdl. que je payai
pour son Compte le 7 Août à Madlle S.J. Ekenberg.
Ayant à Marier une fille, et me ressentant de la perte de 2 mille
Plates pour le Concordat de feu Vôtre Cadet, je ne puis Vous fournir
plus de secours avant l'année prochaine.
Il y eut un tems l'automne passé, que quatre Cultivateurs de
marque, savoir Mrs de Post et Moerner, le Baron Svante Oxenstierna et
moi, nous songeames à bâtir l'année prochaine (1788)
des granges à poële, épouvantés que nous étions
des 4 années pluvieuses, que nous venons d'essuyer, et Vous savez
peutêtre, que j'écrivis à L'Envoyé Bar. d'Oxenstierna
au sujet d'une telle fabrique à faire à Eka. Maintenant
que le danger est passé, nous avons tous changé d'avis.
En
effet, il est juste que j'acheve Nos Bassecours de Ryda et d'Ârby
avant de songer à bâtir des Oeuvres Surerogatoires, quelle
que puisse être leur utilité; c'est pourquoi il est resolu
que cette année je bâtisse la grande piece qui manque à
L'Aile Orientale de Nôtre bassecours, et qui doit contenir 2 aires,
4 granges et une Ecurie pour les Etrangers, le tout de 26 aunes en longueur.
L'année 1789, s'il plaît à Dieu, je comte bâtir
l'Aile Meridionale d'Orby, longue de 80 aunes, et qui sera composée
de 2 aires, 4 granges et de 2 magasins, l'un pour les grains et l'autre
pour le bois. Maintenant il ne sera plus question de Corps de Logis
à Elever à Orby. Mais les bassecours sont partout une
necessité absoluë. Je compte effectivement pratiquer dans
une ou deux de ces granges d'Orby des poëles pour secher le bled
en gerbes, et de raffiner en les rendant exemtes non seulement de la
crainte d'incendie, comme a fait le feu Pere de Msrs de Vinblad, mais
aussi de fumée, afin de rendre moins insipides les pailles, et
de pouvoir y secher du froment même, s'il en est besoin. Il est
peutêtre bon, que les autres attendent que j'aye bâti le
premier une telle grange. L'usage en sera necessaire, quand le Gouvernement
aura commencé l'etablissement des Greniers Publics, et même
lorsque quelques bonnes recoltes de suite auront mis les Particuliers
dans le cas de garder du bled non vendu dans touts les ménages,
moyennat [sic] une redevance de 2 quintaux
de Seigle seche par Ferme entiere, à titre de ferme ou de bail
pour 10 ans, à conclure de la part du Roi avec chaque Paroisse
de campagne et avec chaque Ville. L'on dit ce projet inventé
et digne par un homme d'affaire ou petit Officier de plume, protegé
par Msr Toll. Il a été adopté par le Nouveau Ministre
de Finance [Ruuth],
mécontent des grandes Manufactures Royales de Brandvin, et après
que cet établissement, dont on s'étoit promis 60 tonnes
d'or de benefice annuel, n'en avoit jamais rendu que 9 a 11 au plus,
presque toujours bien moins, et quelques fois rien de tout, cependant
oberé pour 57 tonnes d'or ou m 950 rdl.: Dettes, que le
Baron de Ruut, assisté de quelques Reviseurs, fut un jour entier
à verifier. Le plus grand secret fut gardé sur ce projet,
et il n'éclata qu'après que le Roi fut parti en Finlande,
le 14 Juin. La Cour se flatant que tout le monde alloit accepter cette
liberté avec empressement, Elle exigea d'abord que les Communautés
s'engageassent solidairement, et envoyassent chacune deux deputés,
munis de pleins pouvoirs pour contracter à un jour marqué
avec L'Intendant de province. Dans nôtre Paroisse, qui fut la
premiere assemblée à ce sujet dans cette Generalité,
je consentis d'abord à cette redevance, n'y voyant qu'un Subside
très supportable dans le [sic] bonnes
années, et j'entrainai tous les Paysans. Les autres Notables,
ne regardant que leur utilité particuliere, s'y refuserent. L'affaire
fut remise à une autre assemblée. Alors les Paysans regimberent
aussi. Dans le cours de la semaine les autres Paroisses de la Contrée,
ayant été successivement assemblées, avoient toutes
refusé, et ces examples agirent sur les Paysans de Nysätra
bien plus forement, que mes discours et ceux du Curé, seuls declarés
pour l'affirmative. La Cour se hâta d'adoucir les conditions,
et les assemblées furent renouvellées, les Receveurs [uppbördsmän],
Exemts &c firent des efforts pour persuader les manans [byamän].
Mais de 82 Paroisses, dependantes de L'Intendance d'Upsale, il n'y en
eut que 16 pour l'affirmative, toutes engagées par des Notables,
chargés d'avancer l'affaire, tels que Mr de Post, Mr Druva, le
Baron Rolamb, Mr Rudbeck &c. Ainsi dans les autre Provinces. La
dessus Les Intendans furent chargés de faire eux même la
tournée de leurs Provinces, et s'engager dams les assemblées
des Paroisses, tout le monde à entrer dans les Contrats, imprimés
à cet effet. Mr Schroederheim, Nôtre Intendant ad interim,
s'en acquitta à merveille. Par ses caresses il gagna la moitié
de la Noblesse et les ¾ du Peuple. Mr d'Ugglas, chargé
de la même besogne dans la Generalité de Stocolm n'en gagna
pas un quart. Les Exemts ont fait le plat, gagnant des Paysans successivement.
On dit que plus des 2/3 du Royaume ont enfin
consenti. On a aussi commencé à traiter avec les Villes.
Quelques unes ont déja conclu, comme Oerebro pour 305 rdl., Upsala
pour 940 ou 60, Sigtuna pour 30 rdl., Enecoping pour 300 et je ne sais
pas combien. Stocolm a offert m 50 rdl, comme elle le fit à
la Diète passée; mais on dit, que L'Adminstration en exige
d'avantage. Gottenbourg s'est refusée à cette libre Destillation.
Les Intendans des Provinces ont engagé les Paysans à envoyer
en Cour des Deputés, remercier Le Roi de ce bienfait. Les Recusans
pretendent que ce n'en est pas un, mais un Bail, dont on doit payer
la valeur d'avance. Dimanche passé le 30 Dec. on publia au prône,
que le Roi ayant bien voulu agréer las Contrats passés
avec ses Intendans, chaque contractant peut en liberté commencer
des le Nouvel An à fabriquer du Brandevin et à en distiller
dans sa Maison, et que la redevance stipulée doit être
payée avant la fin du Janvier, en nature ou en argent. On n'y
fait aucune mention des Recusans. Ils n'oseront pas faire du brandvin,
celà s'entend; et les Acceptans n'ont pas la liberté de
leur en vendre; le tout sous peine de 50 plates d'arrende. Mais on pouvoit
s'attendre à voir les Recusans assujettis à la Contribution
de 4 plates par Ferme, accordée, imposée, par les Etats
de 1772, et payée par tout le Royaume jusqu'à la fin de
1775, non obstant la defense absoluë de faire du Brandevin. La
chose à leur égard auroit été remise sur
l'ancien pied, suivant le Decret des Etats, à observer jusqu'à
ce qu'ils puissent la regler autrement, dans une Assemblée à
venir. Toutefois on m'a encore rien statué sur eux, et on se
borne pour le present à leur faire une Administration ulterieure,
en leur laissant encore ouverte la liberté d'accepter le bienfait,
qui leur est offert.
On a lieu d'être surpris de tant de lenteur et même de
repugnance a accepter cette Liberté de Brandevin, après
avoir detesté pendant dix ans le Monopole de cette boison. En
voici plusieurs raisons. Le Vulgaire de tous les Ordres ne voit en ce
nouvel arrangement qu'une Surcharge onereuse pour les pauvres, c'est
à dire, pour le grand nombre, et plus odieuse aux autres. Les
Egoistes pretendoient la chose choquer leurs privilèges, comme
si les autres Ordres devoient s'y soumettre. Les Penseurs trouvoient
audessus de leur competence de conclure sur un subside, qu'il apartient
aux Etats assemblés à regler, et qu'ils avoient remise
jusqu'à une autre Diète. Les Politiques craignoient que
cette nouvelle Methode de traiter des Subsides entre le Souverain et
chaque Paroisse en particulier, n'alterât la Constitution bien
plus que ne le fit la derniere Revolution, en rendant absolument inutile
la Convocation des Etats, dont le seul objet réel est de regler
les Subsides. Car quant à la Legislation, les Jurisconsultes
sont d'avis, et l'experience des deux derniers Diêtes le prouve,
qu'il n'ont rien à y voir, si non pour changer quelques points
du Droit Civil peu importants. Et pour ce qui est de la Banque, la Tutele
des Etats est exercée par les Reviseurs, qui s'assemblent à
cet effet tous les trois ans. On sait, que les Etats Generaux de France,
qui n'ont jamais été abolis, ne s'assemblent plus depuis
174 ans, par la seule raison, que la Cour peut imposer des Taxes sans
leur agrément. Des gens soupçoneux croient voir un pareil
changement fidelement annoncé dans le dernier Discours du Roi
aux Etats, et par ces paroles: qu'ils se separaient pour longliga
tider, et par la demarche de faire prononcer ce même discours
dans toutes les assemblées de Paroisse, aussitôt que la
Diête fût finie. Ils trouvent que si l'avis unanime de 4
Etats est quelquefois de peu de poids auprès d'un Monarque, une
Paroisse sera toujours une partie trop inegale pour traiter avec lui,
et beaucoup trop assujettie aux influences de L'Autorité. Sans
applaudir à ces raisonnemens, je dois avouer, que dans l'affaire
du Brandevin il ne s'est que trop manifesté, avec quelle force
presqu'irresistible les Intendans et tous leurs Subdelegués ont
entrainé des milliers de pauvres Paysans à se charger
de cet Impôt ou Bail, quoiqu'ils n'aient ni Alembic [destillerkärl],
ni envie de faire du Brandevin, ni de quoi en faire, n'ayant pas assez
de grains pour le pain.
Il est survenu une stagnation subite au grand commerce de la Nation
aux Concordats, et cela lorsqu'ils étoient renchéris à
l'exces. Je n'en suis pas faché. Mr Riben vouloit resigner, pas
à moins de 13 mille plates, dont Mr Adlersparre devoit payer
m 3 pour Furby, moi m 4 pour la Lieutenance de Vôtre
Frere Charles, et le Cornette m 6 pour Oestersta. J'aime autant
jouir encore quelque tems de ce bostelle.
Le Comte de Vachtmestre [Carl
Axel Trolle-Wachtmeister], Chancelier de Justice, vient
d'être nommé Senateur et en même tems Drost, c'est
à dire, Doyen du Senat et President du Parlement de Suede, avec
30 mille Plates d'appointement, et avec ordre, dit on, d'entretenir
deux Pages Nobles, quatre Archers drabans ou hallebardiers, de ne sortir
qu'en carosse à six chevaux, de ne rendre Visite qu'aux Senateurs.
On dit que S.E. s'est envain excusée de ces distinctions.
La Recolte de 1787 fut bonne mais moins abondante, qu'on esperoit.
Le taux des trois Generalités, aux quelles nous touchons, est
de 8 plates par tu, seigle et orge. Ce prix est fort, mais
la Couronne trafique en grains, et mille autres Speculatifs. Je n'aurai
que 8½ plates à Garpenberg. Ce sera le prix moyen du Mois
du Mars; plus fort de 8 ß pour le terme de 6 mois; et jusquà
10 plates, pour les acheteurs lointains à terme.
Dessineur, comme Vous êtes, j'espere que Vous noterez bien exactement
les Bas reliefs, que presente encore la l'Arc de Titus, de tous les
Vases et Utensiles Sacrés des Juifs. Le Prieur Ramstedt Vous
en prie. Celà Vous donnera du relief dans l'esprit de nos Theologiens.
Je m'imagine, que toutes les figures de cette Colonne Arc doivent
apartenir aux Antiquités du Peuple de Dieu.
Si Vous aurez l'occasion de voir, dans une des rues de Rome, la statue
pretendue de la Papesse
Jeanne, faites le. Cette fausse histoire est refutée par
cette statue même. L'Eglise auroit elle voulu eriger un Monument
à ce Scandale, quand il eut été veritable? Quel
autre Corps ou individu auroit eu le pouvoir ou la liberté de
le faire? Si c'est une statue de femme, elle ne sera pas dans le Costume
d'un Pontife.
Vôtre Frere Charlot, non obstant mes remontrances et celles de
Mr L'Intendant refusa constamment d'entrer dans ce Bail pour son Bostelle.
Au fond il n'a pas tort; car si c'est un bail, ne doit le payer que
qui en jouit: et il seroit bien absurde de l'exiger des jeunes Officiers,
qui n'ont aucun besoin, ni même le moien d'eriger sans fruit de
telles fabriques dans des terres, qu'ils content quitter bientôt.
Nos Parens d'Eka et de Vernesta, assemblés ici, ainsi que Made
Oestman, de même ma Soeur d'Orby et Ses Enfans, Mr et Made
Ramstedt, Mr et Made Peterson, Msr et Made Berg,
Msr de Troil, Msrs. Egrestroem et Coyet, tous Vous font mille Complimens.
Je dois ajouter Msr J.M. Rosenstein, qui partit le 28 p. pour Jemteland.
Au dessus de tous Vôtre tendre Mere Vous salue, en joignant ses
voeux aux miens pour Vôtre prosperité, qui fait les delices
de Vôtre très affectionné
GW Sillén.
A Ryda ce 3 Janvier 1788.
A l'egard des deux Voyageurs Suedois que Vous verrez à Rome
et de tout autre, Vous sentez bien, sans mon avis, qu'il faut user d'une
grande circonspection en parlant de la Patrie. Il ne faut pas craindre
les delateurs seulmt, mais aussi le babil des voyageurs,
que leur bienêtre met à portée de jaser.
Till diarium
för Georg Wilhelm af Silléns brev.
|